En juin 2022, pendant une semaine, ensemble, nous avons partagé publiquement nos réflexions, interrogations, vécus, créations autour des dettes de vie courante. Cette semaine, nous l’avons nommée Trop chère la vie. Elle a été racontée ici. Nous avons eu envie de continuer l’aventure.

TROP CHÈRE LA VIE : LA CARAVANE DES RÉVOLTÉ·ES

Comment on s’organise quand on n’a pas les moyens de vivre ?

Avec Trop chère la vie – la caravane des révolté·es, nous avons décidé d’explorer la principale cause de pauvreté dans notre région : le manque de ressources financières. Qu’est-ce que ça fait de vivre avec trop peu ? Quand-est-ce que la situation nous échappe ? Comment on s’organise ? Est-ce qu’il y aurait des choses à faire, à revendiquer ?

Trop chère la vie – la caravane des révolté·es se présente sous la forme d’un voyage effectué par une troupe ( Esquifs, TRAPES (Tous en Réseau Autour de la Prévention et de l’Expérience du Surendettement), Centre d’Appui – Médiation de Dettes, CASAF – Les petits Riens,Centre Social Protestant) qui, d’étapes en étapes, rencontre des habitant·es de la région bruxelloise pour partager avec elleux des récits et expériences autour du manque de ressources financières.

Cette troupe de voyageur·euses rassemble des personnes qui ont été dans des situations de surendettement, des personnes qui travaillent depuis de nombreuses années autour de cette problématique, et des artistes.

Faisant étape dans différentes quartiers de Bruxelles (Ixelles, Schaerbeek, Molenbeek, Laeken, Saint-Gilles), iels proposent à des habitant·es qui vivent dans des situations de précarité financière une série d’ateliers qui articulent la possibilité de mettre des mots sur les situations vécues et le ressenti que cela provoque, avec des activités créatives concernant différents domaines (arts plastiques, écriture, mouvement). Ainsi, à chacune de ses étapes, la caravane récolte récits et création, qui s’accumulent peu à peu, et étoffe son bagage quant à la problématique traitée.

Par ailleurs, des artistes accompagnent la caravane tout au long de sa route. De rencontres en rencontres, de récits en récits, iels accumulent un matériau qui va leur servir de support de création, qu’iels retransmettent à la fin du voyage, sous forme de performances dansées, clownesques, d’exposition, de déclamation poétique… Iels interprètent à leur manière comment ce sujet, la précarité financière, résonne en elleux.

Cette fin de voyage d’ailleurs est un moment en soi, quasiment un mini-festival, pendant lequel les spectateur·ices revisitent le voyage à travers les créations accumulées, assistent aux différentes performances proposées par les artistes et peuvent à leur tour expérimenter les ateliers proposés pendant le voyage. Pendant deux ou trois jours, la question de la précarité financière – et tout ce que cela provoque – est ainsi mis sur la place publique : partagé, ressenti, débattu…

Enfin, même s’il s’agit en partie d’une métaphore, la caravane et son voyage se manifestent de manière concrète tout au long du projet. Ses principales étapes sont celles que l’on adopte quand on se met en route : préparation du voyage (tracé du chemin, rassemblement du matériel nécessaire, fabrication d’un moyen de transport), le voyage lui-même avec ses rencontres ponctuées d’activités soigneusement pensées, la fin du voyage avec son lot de récits et d’expériences partagées. Tout cette démarche est retranscrite dans un carnet de voyage illustré, qui est publié dans un blog. C’est un récit, un peu à la manière d’un journal de bord.

On a même écrit un article dans le numéro 58 du journal de Culture & Démocratie.